Le test d’adaptation prismatique (TAP)

 

CATHERINE DUNCOMBE

 

 

 

 

HISTOIRE

Décrit par Jampolski en 1971 le TAP tel qu’il a été conçu initialement pour l’examen et la préparation chirurgicale des ésotropies acquises non accommodatives a fait l’objet d’un groupe d’étude aux USA :

Prism Adaptation Study Research Group.

Il est décrit dans le livre de Suzanne Véronneau «  Les prismes dans le traitement médical et chirurgical du strabisme » publié chez Masson.

Le TAP décrit ici est une « adaptation » plus largement pratiquée mais qui n’a fait l’objet d’aucune étude scientifique.

 

INTERET :

 

Il permet en compensant la déviation primaire (l’angle objectif de loin avec correction mesuré au cover test alterné) de rechercher d’autres déviations éventuellement associées  et d’apprécier le nouvel équilibre binoculaire moteur et sensoriel après un certain temps de port. L’angle maximum du strabisme est ainsi mesuré.

C’est un test-pilier dans les indications chirurgicales de strabisme et des torticolis des  nystagmus essentiels et acquis. Ses résultats participent à l’élaboration du plan opératoire.

 

MATERIEL :

 

Il est simple : lunettes de Gracis graduées de 5 en 5° sur 360° (modèle enfant et modèle adulte) sur lesquelles sont disposés des prismes Press-On non taillés dont l’orientation est ainsi possible dans tous les axes. Cet équipement est placé en avant des lunettes du patient.

 

METHODE :

 

Le test est réalisé au cabinet.

Un examen oculomoteur complet est réalisé avant le TAP.

Puis la compensation prismatique est symétriquement répartie devant les deux yeux.

Dans certains cas (neutralisation ou forte dominance par exemple) elle peut être asymétrique. On bénéficie dans ce cas de l’effet ryser du prisme.

La fixation est contrôlée par la lecture de quelques lignes d’optotypes puis par une mire lumineuse. Les mesures sont effectuées à nouveau après quelques minutes de port  et la compensation adaptée si nécessaire. Le durée du test excède rarement une heure.

Les tests binoculaires utilisés sont les verres striés de Bagolini et le verre rouge.

 

RESULTATS :

 

Les mesures sont effectuées de loin et de près puis grâce à la mobilisation de la tête dans toutes les directions du regard.

La déviation étant compensée de façon plus aisée qu’avec les barres de prismes on recherche un syndrome alphabétique , un signe de Bielchowsky, une incomitance loin-près (les fausses incomitances des exotropies intermittentes et des ésophories-tropies sont rapidement démasquées grâce à ce test), une déviation dissociée ( la compensation de la déviation horizontale peut atténuer une DVD ou la laisser inchangée et à opérer), une modification de l’attitude de fixation, la disparition d’un petit élément vertical ou horizontal après compensation de la déviation prédominante.

 

 

 

Puis on apprécie l’état sensoriel :                          

 

Dans les ésotropies à petit angle et CRA la déviation augmente lors du test mais l’état sensoriel est inchangé ; il n’y a pas de stabilisation nette de la déviation : ce sont les mouvements fusionnels anormaux décrits par Bagolini. Cette instabilité motrice peut être l’indication à l’abstention chirurgicale ou en cas de décompensation du strabisme l’indication d’une fadenopération associée (dans les ésotropies accommodatives partielles, par exemple).

 

TORTICOLIS NYSTAGMIQUES :

 

Le TAP est indispensable pour connaître les possibilités d’une mise en divergence artificielle ou d’un Kestenbaum horizontal et/ou vertical.

 

LIMITES :

 

Ce sont les grandes déviations constantes de >50 D et la collaboration des patients .

Il a peu d’intérêt dans les syndromes de rétraction et les paralysies oculomotrices acquises.

Il faut tenir compte d’un certain degré d’accommodation possible.