Strabisme normosensoriel :

 

MITRA GOBERVILLE

 

Il s’agit d’une forme particulière de strabisme pour laquelle le diagnostic positif et un traitement rapide et adapté sont indispensables.

 

Ce strabisme a la particularité de survenir alors que la vision binoculaire est déjà bien installée avec un pic de fréquence entre trois ans et demi et cinq ans. L’étiologie est inconnue.

 

L’installation du strabisme se fait de manière brutale, très souvent au réveil de la sieste et parfois suite à un traumatisme psychique ou une forte fièvre. Ce début peut parfois s’étaler sur plusieurs jours et être intermittent.

 

L’enfant ne se plaint pas de diplopie mais peut paraître gêné durant les premiers jours ou fermer un œil.

 

L’examen clinique doit éliminer tout d’abord un défaut d’abduction qui témoignerait d’une parésie du VI. L’examen de la motilité est normale au cours des strabismes normosensoriels.

La déviation est en générale autour de 30 dioptries, sans incomitance.

 

L’examen de la réfraction peut révéler une hypermétropie modérée dont la correction, bien que nécessaire, ne modifie pas la déviation.

 

L’acuité visuelle est symétrique et normale, ainsi que la vision binoculaire. Celle-ci peut être testée après correction de la déviation par prismes « Press-on » ou au synoptophore à l’angle objectif.

 

Les diagnostics différentiels sont la paralysie du VI, à éliminer par un bilan neurologique et le microstrabisme inaperçu avec décompensation brutale.

 

Le pronostic est excellent si l’enfant est pris en charge et traité rapidement. C’est pourquoi il est indispensable de ne pas méconnaître cette forme clinique. Dans les formes négligées, la vision binoculaire peut être perdue et même une amblyopie peut s’installer.

 

Le traitement consiste à corriger toute hypermétropie  et pratiquer une épreuve de prismation afin de s’assurer de la stabilité de l’angle. Le traitement chirurgical est rapidement indispensable mais dans l’attente, une prismation permet de maintenir la vision binoculaire .