PHYSIOPATHOLOGIE , ÉVOLUTION SPONTANÉE ET ETIOLOGIES DES PARALYSIES
OCULOMOTRICES Pr Ch HABAULT LYON
Les paralysies
oculomotrices sont causées par l’interruption de la conduction nerveuse vers un
ou plusieurs muscles oculomoteurs .
L’absence de contraction
musculaire qui en résulte entraîne :
- une limitation du
mouvement
- une déviation qui
augmente dans le champ d’action du muscle paralysé .
Le déficit moteur
peut être total, on parle de paralysie
( Paralysie VI avec abduction n’atteignant pas la ligne
médiane ) .
Le déficit moteur
peut être partiel, on parle de parésie
( Paralysie du VI
avec abduction dépassant la ligne médiane )
La déviation induit
une diplopie qui augmente dans le champ d’action du muscle paralysé :
c’est l’incomitance de la déviation .
Pour diminuer la
diplopie, le sujet adopte une position compensatrice
dans laquelle il
trouvera une zone de confort binoculaire . Dans les grandes déviations, le
torticolis permet une fixation monoculaire .
I – ETIOLOGIES
On classe les paralysies
selon leur âge d’apparition . On distingue :
- les paralysies
congénitales
- les paralysies
acquises
a) pendant
l’embryogénèse
Une agénésie d’un
noyau oculomoteur entraînera une absence de différenciation des fibres
musculaires, responsable des syndromes de rétraction
b) Au moment de la
naissance
- traumatisme
obstétrical
- hypertension
intracranienne
c) Paralysies
acquises
Les étiologies sont
nombreuses.
Traumatiques
A1- Traumatismes
crâniens
- section du nerf (VI
dans la fracture du rocher)
- hématome comprimant
le nerf
- œdème cérébral
A2- Traumatismes
orbitaires
- Droit inférieur
- Poulie du grand
oblique
Neurologiques
B1- HIC
B2- Tumeurs
cérébrales
B3- Atteintes
vasculaires
- Anévrysmes
- Horton
- Athérosclérose
B4- Atteintes
inflammatoires
B5- Atteintes
infectieuses
Affections orbitaires ou de voisinage
- cellulite orbitaire
- sinusites ;
tumeurs ORL
Causes générales
D1- Troubles
métaboliques
- Basedow
- Diabète
D2- Myasthénie
D3- Maladies
infectieuses
Zona, botulisme
D4- Intoxications exogènes
et affections iatrogènes
- CO, alcool, plomb
- Cathétérisme
artériel, chirurgie sinusienne, vaccinations
En conclusion
Diplopie - sans tableau neurologique : Diagnostic étiologique +++
-
avec tableau neurologique : la diplopie n’est qu’un des symptômes
Age - jeune : infection, SEP, malformation vasculaire
- moyen : Tumeurs
- âgé : Causes vasculaires
Dans tous les cas, ne
pas se priver d’un bilan neurologique .
Paralysies congénitales
L’évolution se fait
vers une diminution lente et progressive des phénomènes de compensation, avec
une diplopie devenant plus fréquente .
Paralysies acquises
Fort pourcentage de
récupération , de l’ordre de 80% . Le délai est variable, allant de quelques
jours jusqu’à 4 ans .Il ne faut donc pas confondre récupération spontanée
et succès thérapeutique (rééducation orthoptique, toxine …) .
En raison de cette récupération spontanée, une
correction chirurgicale ne peut être envisagée avant 6 mois d’évolution
.
Selon les étiologies, la récupération est différente
Vasculaire
Récupération
fréquente (80% des cas) et rapide entre 1 et 3 mois .
Traumatismes et tumeurs
Récupération moins
fréquente (50% environ) et plus lente, environ 7 mois .
Selon le type de
paralysie
VI
90% de récupération
III
75% de récupération
1) Adaptation
musculaire
- Modification de la
tension musculaire passive par allongement du muscle et de ses enveloppes
- Modification de la
force active
◊
dégénérescence progressive des fibres musculaires non réinervées
◊ irréversible
au bout de 12 à 24 mois
Le déficit évolue
vers la constitution d’une contracture musculaire :
- de l’antagoniste
homolatéral
- du synergique
controlatéral si l’œil parétique est fixateur
Cette contracture
peut persister après régression de la paralysie .
2) Adaptation
nerveuse
Trouble dysmétrique : past-pointing ou
fausse-orientation
Ce phénomène
s’estompe rapidement .
Passage à la concomitance
rare chez l’adulte
fréquent chez l’enfant
peut rendre
difficile le diagnostic de la paralysie initiale
Apparition de syncinésies acquises, surtout dans les paralysies
du III . Lorsque le
sujet regarde en bas ou en dedans, il apparaît une rétraction de la paupière
supérieure . C’est le pseudo-signe de Von Graefe . Le mécanisme est une
régénération aberrante des fibres du droit interne ou du droit inférieur qui se
rendent dans la branche sous la dépendance du releveur .