Nystagmus  idiopathique

 

Erick Laurent   Montpellier

           

Les définitions proposées pour le  nystagmus sont très nombreuses et se sont progressivement affinées au cours  du temps. Elles ont en commun leur nature essentiellement  DESCRIPTIVE.

 

A ce titre le nystagmus est un  symptôme présent  dans  de nombreuses affections neurologiques. Les neurologues ont largement participés à la caractérisation des différentes formes de nystagmus  mais dans un but surtout sémiologique.

 

            Une étape est franchie par les ORL avec les nystagmus vestibulaires .Une analyse plus approfondie des caractéristiques  cinétiques et morphologiques du nystagmus est effectuée par observation (Lunettes  grossissantes, vidéonystagmoscopie) ou surtout grâce à l’enregistrement electronystagmographique .Cependant il s’agit plus d’une étude des modifications du nystagmus (vestibulaire) par des épreuves de stimulation /inhibition vestibulaires que d’une analyse en soit du nystagmus. Le but est surtout de caractériser le type de syndrome vestibulaire et  la forme du nystagmus associé.

 

            Le nystagmus n’acquière  véritablement une valeur syndromique (Castanera-pueyo)  qu’auprès des ophtalmologistes. Face à un nystagmus sans anomalie neurologique ou vestibulaire associée on parle de nystagmus « ophtalmologique ». En l’absence de pathologie oculaire évidente (grande malvoyance) ceci est quasi-équivalent, dans l’esprit de nos confrères, à idiopathique.

 

            Pour les strabologues ce n’est plus tout à  fait exact. L’analyse du battement nystagmique (forme, vitesse, intensité, rythme), de ses modifications dans le temps, par l’occlusion ou  la direction du regard (position de la tête) ainsi que l’étude des pathologies oculaires ou oculomotrices associées et l’effet de la chirurgie des muscles oculomoteurs   ont permis de démembrer cette entité.

 

            La plupart des auteurs s’accordent à reconnaître 2 grands types de nystagmus ophtalmologiques : le nystagmus manifeste/latent (lié à la rupture  précoce de la vision binoculaire (cf. Ch. COSTET) et le nystagmus congénital dont les   caractéristiques diffèrent en tous point  ( cf. Ch. HABAULT . La séméiologie des nystagmus).

 

 Les nystagmus congénitaux, le plus souvent « ophtalmologiques » peuvent être d’origine génétique, sensorielle ou  « moteurs » (Cogan) .Sont considérés comme idiopathiques (sans cause) certains nystagmus héréditaires et la plupart des nystagmus congénitaux moteurs. Ils représenteraient (Spielmann) 30% des nystagmus congénitaux.

 

Si l’on admet avec Goddé-Jolly et Larmande  que le nystagmus est un : « trouble de la statique oculaire qui relève de la stimulation ou de l’altération d’un des éléments du système cybernétique qui contrôle la posture oculaire » il  devient possible d’unifier  ces données disparates et de trouver une meilleure place au nystagmus idiopathique.

La statique oculaire est alors un phénomène actif résultant de la contraction tonique permanente et coordonnée des  muscles oculomoteurs (SYSTEME INTEGRE). Ce système est AUTOCONTROLE par des Boucles de FEEDBACK  proprioceptives, vestibulaires, optiques, cérébelleuses, corticales.

On comprend alors la DIVERSITE des étiologies du nystagmus. Tout processus pathologique empêchant le développement  ou altérant le système lui-même ou les circuits de son autocontrôle conduit au nystagmus.

Le nystagmus idiopathique est la conséquence de « lésions » du système (cybernétique) que nos moyens diagnostics actuels  ne peuvent mettre en évidence .Il est probable que dans l’avenir  ce cadre se réduise mais n’oublions pas que des sujets  parfaitement sains sont capable de déclencher à la demande un nystagmus et qu’il existe des nystagmus physiologiques…

 

            En conclusion 2 approches pratiques me semblent importantes :

 

 L’approche étiologique : face à un nystagmus congénital il faut éliminer une cause organique (neurologique, vestibulaire, oculaire)  avant de parler de nystagmus idiopathique.

 

L’approche thérapeutique chirurgicale des ophtalmologistes (cf. 3 me session : les traitements des nystagmus) bien  souvent efficace que le nystagmus soit idiopathique ou pas..

 

 

 

 

BIBIOGRAPHIE :

 

 A. Spielmann, A.C. Spielmann .Nystagmus congénital.Nystagmus manifeste/latent. Nystagmus acquis .Encyclopédie médicochirurgicale .21-560-A-10

 

D. Goddé-Jolly, A. Larmande. Les Nystagmus. Rapport SFO 1973. Masson éditeur