« KESTENBAUM  »VERTICAL  

 

Erick  Laurent    Montpellier

 

 

 

PRINCIPE :

 

Le  déplacement conjugué  des yeux visant à recentrer   une  zone d’accalmie est une stratégie chirurgicale majeure dans le traitement des nystagmus avec torticolis concordant.

Le principe a été simultanément proposé et vulgarisé en 1953  par Kestenbaum  et Anderson  a propos des   torticolis nystagmiques  horizontaux.

Pierce en 1957 en a étendu  le  principe aux torticolis verticaux.

 

 

INDICATIONS :

 

Ce déplacement conjugué  vertical  peut  être indiqué dans différents cas de figures :

 

-         Le  plus simple est l’équivalent  vertical du « Kestenbaum »  horizontal : Par exemple  déplacement conjugué  vers le  haut des 2 yeux  lors d’un  nystagmus vertical qui  bas en  haut associé a un torticolis  tête rejetée en  arrière  .

 

-         Dans les nystagmus horizontaux mais  avec position de blocage vertical. C’est le  cas du patient qui vous  est  présenté en vidéo.

 

-         Dans les nystagmus avec torticolis  oblique c'est-à-dire associant une composante horizontale à une composante verticale. Le déplacement peut  associer  un  geste horizontal à  un geste vertical plutôt d’ailleurs de  type  « Anderson » que « Kestenbaum » du  fait des risques d’ischémie du segment antérieur. Ce type de chirurgie n’est bien sur pas indiqué dans les nystagmus avec composante cyclotorsionnelle ; un « Kestenbaum torsionnel » est alors préféré. 

 

 

REMARQUES :

 

            -Plus que la direction du mouvement nystagmique c’est la position de la tête et plus encore  la  direction de l’impulsion de blocage qui compte. Le but de la chirurgie est de transférer  en position primaire cette impulsion.

           

            - Des  prismes ( arêtes  vers la déviation du regard )  reproduisent cette  impulsion .La valeur  et  la direction des prismes  qui suppriment  le torticolis sont d’une grande valeur prédictive   quand à la direction et  aux dosages chirurgicaux   à  appliquer . Ils permettent   d’explorer  des positions de blocage qui  ne  sont  pas  forcement  utilisées  par  le  patient . Par exemple  il  m’est  arrivé devant un nystagmus horizontal de type  pseudo- latent   en  voie de décompensation  de  découvrir  une position de blocage verticale  par   2 prismes de 20  dioptries  base  supérieur (inconnue du   patient )  permettant de proposer un  déplacement  conjugué vers le  haut des yeux  . La  chirurgie horizontale a haut risque  étant ainsi contournée.

 

            -Tous les torticolis verticaux ne relèvent pas  d’un blocage vertical et donc d’une chirurgie de transposition verticale conjuguée  .Il est indispensable , avant  de le proposer de s’assurer de l’absence d’une hyper/hypo  fonction d’un oblique ou d’un droit vertical , d’un  syndrome alphabétique  responsables de  la  composante verticale du torticolis qui nécessiteraient un  traitement spécifique et différent . 

 

 

 

DOSAGE CHIRURGICAL :

 

-         Il doit  être adapté à l’importance du torticolis. A SPIELMANN propose dans le rapport sur  la  chirurgie des strabismes : une chirurgie de type « ANDERSON » de recul de  4-5 mm  pour un torticolis inférieur à 10 degrés, une chirurgie de type « KESTENBAUM » associant un recul de 4 mm à une résection de 5 mm pour un torticolis entre 10 et 15 degrés , un   recul de 5 mm et une  résection de 7 mm  jusqu a 20 degrés , elle  ajoute  une  myopexie rétro équatoriale des muscles reculés  au delà  de 20 degrés de torticolis.

 

-         Il faut souligner la  grande valeur du test  d’adaptation prismatique pour moduler ces dosages.

 

-         Personnellement j’utilise le plus souvent possible des sutures ajustables qui me  permettent d’oser de  grands reculs   jusqu a 14-15 mm.

 

 

 

 

BIBIOGRAPHIE :

 

 A. Spielmann, A.C. Spielmann .Nystagmus congénital.Nystagmus manifeste/latent. Nystagmus acquis .Encyclopédie médicochirurgicale .21-560-A-10

 

P .V. Berard, M.A. Quéré, A. Roth, A. Spielmann , M. Woillez. Chirurgie des strabismes. Rapport a la SFO1984. Masson éditeur.

 

D. Goddé-Jolly, A. Larmande. Les Nystagmus. Rapport SFO 1973. Masson éditeur