LA CORRECTION OPTIQUE ET LES AIDES VISUELLES

Valérie SERRES  Narbonne

 

La correction optique :

 

Le port permanent d’une correction optique adaptée est fondamental devant tout nystagmus.

Il faut soulager l’effort visuel et même si l’acuité visuelle reste identique à celle obtenue sans correction, l’image sera perçue avec le minimum d’effort. La correction optique a un effet bénéfique quelquefois non proportionnel à son importance.

-C’est la correction optique totale (COT) qui doit être prescrite déterminée sous cycloplégie répétée dont la mesure sera plus précise au réfractomètre automatique notamment en cas d’astigmatisme.

Il peut exister une différence importante entre les verres portés et la réfraction objective obtenue. Il faut pourtant prescrire la COT en s’aidant parfois d’instillation d’atropine et en contrôlant l’adaptation à la nouvelle correction.

Si une amélioration de l’acuité visuelle de près est obtenue avec une addition de +3.00 D, on peut être amené à prescrire des verres bifocaux (avant 6 ans) ou des verres progressifs (après 6 ans).

-La correction est le plus souvent donnée en lunettes à verres larges pour ne pas gêner un blocage excentré. Le choix de la monture est, là, primordial et il faut savoir bien l’expliquer.

Un centrage des verres dans l’axe du regard peut être proposé si le blocage est constant et si la position n’est pas trop excentrée.

-La correction en lentilles peut être la plus adaptée, surtout en cas de forte amétropie.

Elles procurent une meilleure qualité de vision et améliorent le champ visuel en suivant les mouvements oculaires et en synchronisant l’axe visuel et l’axe du système optique.

Les lentilles peuvent calmer le nystagmus par leur seule présence sur la cornée et permettent l’élimination des aberrations optiques du bord des verres en cas de position de blocage excentrée.

En cas de forte amétropie et d’astigmatisme, l’équipement en lentilles toriques peut être difficile (instabilité du cylindre). On peut alors corriger la sphère en lentilles et le cylindre en lunettes.

 

Apport de filtres adaptés dans les verres correcteurs : filtres UV- filtres chromatiques :

La lumière naturelle se compose de radiations visibles et invisibles. La partie visible s’étale de 400 à 700 nm . Aux extrémités de ce spectre se trouvent les infrarouges (>700) et les ultraviolets (<400) capables de nocivité pour l’œil.

Les courtes longueurs d’onde, lumière bleue (460-470 nm) et UV (380-420 nm) sont les plus pénalisantes par leur diffusion dans l’œil. Le phénomène est d’autant plus important que le sujet est atteint d’une pathologie rétinienne

Les verres correcteurs non teintés comportent un filtre anti-UV, notamment ceux en polycarbonate, recommandés pour les enfants qui filtrent 100% des UVA et UVB.

Les verres teintés protègent de l’excès de lumière et de l’éblouissement. Les verres solaires comportent 5 catégories de 0 à 4 en fonction de l’ensoleillement et de l’utilisation. Pour l’été, la catégorie 3 est la plus recommandée.

Les filtres chromatiques à usage thérapeutique absorbent de façon plus sélective certaines longueurs d’onde. Ils augmentent le confort visuel par diminution de l’éblouissement et renforcement des contrastes et sont très appréciés par les malades. L’indication des ces filtres est fréquente en cas d’amblyopie organique.

Compte-tenu de la sensibilité et de l’appréciation de chaque déficient visuel, la détermination du filtre doit passer par un essai en conditions réelles.

La teinte jaune-orangé peut stimuler les éléments neurosensoriels fovéaux et péri fovéaux encore fonctionnels.

Le filtre brun-rouge, qui absorbe toutes les longueurs d’onde <500nm, est intéressant dans les rétinites pigmentaires ou maladie de Stargardt afin de maintenir la rétine périphérique au repos sans affecter l’activité de la rétine centrale.

Pour améliorer les performances du filtre, il  est conseillé de choisir une monture assurant une protection sur les côtés pour éliminer la lumière incidente latérale. Ces filtres peuvent être utilisés sous forme de masque à porter par-dessus la correction optique.

Les filtres UV et chromatiques sont remboursables sur prescription avant l’âge de 18 ans (9,15 €).

 

 

 

 

 

Les  aides visuelles dans le handicap visuel :

L’enquête HID (Handicap-Incapacités-Dépendance) mise en œuvre par l’INSEE entre 1998 et 2000 fait ressortir que, globalement les aides techniques à la compensation du handicap visuel sont relativement peu utilisées : 15% seulement des déficients visuels déclarent utiliser une ou plusieurs aides visuelles. Les usagers d’aides optiques sont pour 87% des personnes âgées de 60 ans et plus, et seulement 58% des besoins déclarés sont satisfaits.

Il existe un  réel décalage entre les besoins et le recours aux aides visuelles qui est lié à plusieurs facteurs : tout d’abord le coût élevé des équipements à la charge de l’acquéreur et la faible prise en charge par l’assurance maladie ( cf annexe 1), mais également la méconnaissance des ces aides, à la fois par les professionnels de santé et par les usagers potentiels.

L’opticien spécialisé en basse vision sera d’une grande aide pour le choix d’une aide optique adaptée aux besoins de la personne.

L’apprentissage plus ou moins long sera grandement aidé par une rééducation basse vision et par la coordination des différents acteurs que sont l’ophtalmologiste, l’orthoptiste, et l’opticien.

L’assistante sociale sera également de grande utilité pour guider les familles devant la multiplicité des circuits de distribution des aides financières à l’équipement optique.

 

Lumières et pupitres :

L’éclairage et le pupitre sont des aides complémentaires simples apportant plus d’ergonomie au déficient visuel.

Un bon éclairage permet de réduire les besoins de grossissement. La source lumineuse devra être d’une grande luminosité, donnant un éclairage uniforme, permettant une bonne différenciation des couleurs pour optimiser les contrastes, et avec un moindre échauffement pour éviter la fatigue de l’utilisateur.

Le malvoyant doit essayer la source lumineuse qui lui convient le mieux. Si celle-ci n’est pas incorporée à l’aide visuelle, il faudra une lampe sur pied ou à fixer.

Les pupitres de lecture sont de petites tables inclinables à poser, permettant une position de lecture plus confortable en maintenant constante la distance de lecture sans fatiguer le sujet.

 

Les loupes :

On utilise l’agrandissement par rapprochement, l’aide optique grossit la taille globale de l’information et les détails plus fins peuvent être perçus. On ne peut adapter les additions dépassant 12D (grossissement x 3) que pour une vision monoculaire.

Les loupes sont les aides visuelles les plus anciennes et les plus utilisées en 1er lieu. Elles sont de plusieurs types :

-         à  main : grossissement allant de x1,5 à x5 ; le positionnement de la loupe sera différent en fonction de l’âge. Un enfant la placera près de son œil alors qu’un adulte la placera à distance d’observation pour ne pas solliciter l’accommodation.

-         à poser : se plaçant directement sur le document (règle-loupe, Visolette), loupes à fond clair très utilisées chez les enfants.

Les systèmes microscopiques :

Ce sont tous les verres de très forte puissance de grossissement  allant de x2 à x15 pouvant s’adapter sur une monture de lunettes, soit sous la forme de lentilles plein champ (serre-tête binoculaire, lunettes de Galilée), soit sous forme de verres bifocaux.

 

Les systèmes télescopiques :

L’adaptation des ces systèmes est un compromis entre la demande du malvoyant, la distance le champ et le grossissement qu’ils procurent.

Les systèmes de Galilée sont des dispositifs utilisés en vision à distance (observation, cinéma, télévision) sous forme de lunettes-jumelles ou en vision de près (monoculaire) pour la lecture ou l’écriture.

Les monoculaires à main ( système KEPLER) sont utilisés pour de rapides observations à distance : paysage, nom de rue, musée, vitrines. Ils se portent autour du cou ou dans la poche et se tiennent à la main (utilisation monoculaire).

 

Les aides visuelles électroniques :

Quand la capacité de grossissement des aides visuelles optiques est dépassée, les aides électroniques sont une solution précieuse mais aussi plus coûteuse.

Le principe est de reproduire sur un écran une image agrandie du texte ou de l’objet à regarder à l’aide d’une caméra qui peut être fixe ou mobile.

Les grossissements sont variables de x2 à x40.

Les phénomènes d’éblouissement peuvent être atténués avec l’inversion en contraste positif ou négatif. Le champ de vision est plus large à grossissement identique par rapport aux systèmes optiques. Et l’observation est binoculaire, ce qui permet au sujet de se placer à la distance la plus confortable sans avoir à obturer l’œil le moins performant.

L’utilisation des ces systèmes par le malvoyant nécessite un apprentissage.

Les télé-agrandisseurs peuvent être portatifs (ex : Quicklook ou Pico de chez CECIAA, AVP 430 de chez ESSILOR)

Ou fixes, comprenant un plateau et une caméra et se connectant sur une télévision ou un écran d’ordinateur (ex : V’ EASY chez ESSILOR, MULTIVISION de CECIAA sur téléviseur, ZOOMAX VISU de chez AXOS sur écran LCD en vision de loin et près )

 

 

Le financement d’une aide visuelle technique :

 

La prise en charge des aides visuelles est assurée par la CPAM avant 20 ans si l’acuité visuelle du meilleur œil avec la meilleure correction possible est inférieure à 4/10 ou si le champ visuel est < 20° ( cf annexe 1)

Pour les moins de 60 ans, des aides financières sont obtenues par l’intermédiaire de la Maison Départementale pour Personne Handicapée (MDPH) qui regroupe les services de la COTOREP et de la CDES sous la tutelle des Conseils Généraux.

Pour les plus de 60 ans, aucun remboursement n’est prévu. Il faut toutefois constituer un dossier auprès de la CPAM avec une demande d’entente préalable et une ordonnance précisant :

-         l’origine de la malvoyance

-         l’acuité visuelle avec et sans correction

-         le grossissement nécessaire.

Ainsi qu’un devis descriptif de l’opticien et une lettre de motivation sur le bien fondé de cette aide.

 

 

 

Annexe 1 : CCAM et Liste des Produits et Prestations Remboursables

Cette liste se procure sur le site ameli.fr et est consultable également dans le « VADEMECUM de l’ophtalmologiste » de la Revue de l’ophtalmologie française éditée par le SNOF.

 

AIDES VISUUELLES OPTIQUES :

-         Loupes : quel qu’en soit le type ; participation à l’achat, dans la limite d’une attribution maximale tous les 3 ans : 7,62€

-         Vision microscopique : système à vision microscopique ; participation à l’achat ; une attribution maximale par an : 45 ,73€

-         Vision de près : système à vision télescopique ; participation à l’achat, une attribution maximale tous les 2 ans non cumulable avec la prise en charge d’un système à vision microscopique : 76,22€

-         Vision de loin ou mixte : système à vision télescopique de loin ou mixte, participation à l’achat : 76,22€

AIDES VISUELLES ELECTRONIQUES :

-         Loupe : location hebdomadaire : 4,57€

-         Loupe achat : système d’agrandissement électronique, participation assurée après une période obligatoire d’adaptation de 3 mois de location ; prise en charge assurée dans la limite d’une attribution maximale tous les 5 ans : 762,25€